Tant pis pour l’amour. Ou comment j’ai survécu à un manipulateur

Tant pis pour l’amour. Ou comment j’ai survécu à un manipulateur.

Sophie Lambda, éditions Delcourt

 

Il ne restait que moi, et le vide.

[Coup au cœur]

Très belle surprise avec ce roman graphique que j’ai longtemps rechigné à lire. La raison était le style graphique de Sophie Lambda, très pop, voire naïf. Si je l’appréciais pour ses scénettes d’humour je pensais que cela n’irait pas avec une histoire sur un manipulateur. De plus, la couverture me faisait penser à une comédie romantique. Finalement, la comédie romantique tourne vite au film d’angoisse et s’accompagne plutôt d’une vodka on the rocks que d’un cosmopolitan.

Le pervers narcissique, un terme presque à la mode dans les articles psycho sur le couple, souvent mal utilisé, et pourtant très répandu en vrai. Si vous ou l’un.e de vos proches en a fréquenté un.e vous pourrez juger à quel point la BD de l’autrice est juste et représente très bien les mécanismes de la manipulation et de la victimisation. Fréquenter un manipulateur c’est comme vivre dans un électrocardiogramme : vous passez du sommet du bonheur, lorsqu’il vous fait sentir unique, vous donne tout et plus que vous ne pouviez rêver, aux tréfonds du mal-être, quand le lendemain il vous traite comme une sombre merde, vous fait douter de votre valeur et vous isole. Lorsque vous tentez de reprendre le dessus, il pourra jouer à la victime. Les signaux sont là, vous êtes quelqu’un d’intelligent vous devriez pouvoir écouter votre petite voix intérieure (ici représentée par un nounours décadent) et pourtant…

Bien enfermée dans la toile d’araignée tissée par le manipulateur, engluée dans votre relation toxique, difficile de s’en sortir. Le récit de Sophie, raconte son histoire si belle, puis l’après, le long travail de reconstruction, la perte de la confiance et les autres « effets secondaires ». Quelques pages à la fin donnent de nombreux liens et informations autour des violences. Il y a également un baromètre très intéressant. Mais le livre n’est pas lourd pour autant. L’autrice fait preuve de beaucoup d’autodérision et de recul.

J’ai été très touchée par son histoire écrite comme une catharsis et également par le graphisme. Je vous la recommande vivement !

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« Je reste persuadée que Marcus a emmené une partie de moi avec lui dans les abysses de son monde irréel. Depuis Marcus, je ne suis plus la même. J’ai perdu une innocence, une foi en l’humanité. Cette confiance en l’autre qui avant était naturelle chez moi… Marcus a tué mon enfant intérieur. »

 

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